Droit au déréférencement en cascade au Royaume-Uni

Les médias ont récemment évoqué un contentieux qui a opposé Google.uk à l’ICO (Information Commissionner’s Office) qui est la Cnil britannique.
Google avait accepté de déréférencer certains résultats de son moteur de recherche dans le cadre du droit au déréférencement (ou droit à l’oubli), à propos d’une condamnation pénale. Mais des articles ont alors été publiés, relatant le déréférencement des articles en question et rappelant les circonstances de l’affaire. La personne concernée a donc redemandé à Google de déréférencer ces nouveaux témoignages de sa condamnation qui a cette fois été refusé.
C’est alors que l’ICO, le 20 août dernier, a mis en demeure Google.uk de déréférencer ces liens sous un délai de 35 jours. Une application logique des principes de protection des données personnelles…
En effet, il s’agit tout simplement de nouveaux articles mentionnant l’existence de la condamnation. Peu importe que ces sources évoquent le déréférencement précédent : le fait ouvrant droit à déréférencement, c’est qu’elles parlent de la condamnation de la personne, ni plus, ni moins.
C’est du reste conforme à la logique des lois de protection des personnes. Il y aura par exemple diffamation d’une personne autant par la première publication de propos « portant atteinte à l’honneur et à la considération de la personne » (définition de la diffamation, article 29 loi du 29 juillet 1881) que par des republications des mêmes propos. Ici c’est la même chose : il y a lieu à déréférencer tout propos qui évoquerait la condamnation passée que la personne concernée souhaite voir oubliée en ligne.
Par ailleurs, dans ce cas précis, il y a de surcroît une décision de justice. Chacun sait qu’en France, la Cnil a recommandé l’anonymisation des décisions de justice afin de ne pas nuire outre mesure à la personne condamnée. Rendre publique une décision qui désignerait nommément la personne en cause reviendrait à prononcer une « double peine » : la condamnation en soi et le marquage à vie de la personne sur internet puisqu’il est possible de faire émerger immédiatement la décision à l’appel du nom de la personne.
Il est donc assez logique qu’une personne souhaite voir disparaître toute trace de sa condamnation sur internet. Ou alors il faut penser qu’il devient licite de prendre une par une les décisions pénales publiées anonymement sur internet et de signaler systématiquement l’identité précise de chaque personne condamnée…
Voir l’annonce de la mise en demeure de Google par l’ICO : https://ico.org.uk/about-the-ico/news-and-events/news-and-blogs/2015/08/ico-orders-removal-of-google-search-results/

Didier Frochot

Didier Frochot est titulaire d’une maîtrise de droit privé et d’un DESS de gestion. Présent dans le secteur de l’information-documentation depuis 1982, il est Consultant et Formateur depuis 1984, il collabore à la rubrique Droit du mensuel professionnel Archimag depuis 2003. Il fut par le passé Responsable pédagogique du cycle supérieur de l’INTD/CNAM pendant 10 ans (1989-1998).

Spécialités
E-réputation – Propriété intellectuelle, Droit des technologies de l’information, de la documentation et des médiathèques, Données personnelles et RGPD – Technologies de l’information (Internet/Intranet : recherche d’informations conception de sites) – Documentation – Traitement de l’information – Information, documentation et veille juridiques.

    Prenons contact !

    Décrivez le plus précisément possible votre demande afin que nous puissions vous répondre efficacement.

    Confidentialité et RGPD